Message de Mumia Abu-Jamal

La chimère des soins médicaux en prison
par MUMIA ABU-JAMAL

Traduction par Claude Guillaumaud-Pujol de l’enregistrement téléphonique réalisé par Prison Radio

 ATTENTION : cet enregistrement a été réalisé le 31 mars 2017, trois jours avant la décision (3 avril 2017) de la Cour d’Appel de Philadelphie confirmant l’injonction du juge fédéral de première instance : obligation de traitement immédiat contre l’hépatite C à laquelle l’Administration pénitentiaire devait se conformer. Ce qu’elle vient enfin d’accepter !

 

 

« Dans le monde illusoire que sont les soins médicaux en prison oubliez tout ce que vous teniez pour acquis dans le monde libre. Dans le monde libre les infirmières sont des êtres chaleureux et bienveillants et les médecins ont vocation à soigner et soulager les douleurs des patients. En prison les règles sont tout autres : la seule règle c’est l’argent. Cela peut paraître excessif mais la réalité est encore plus cruelle.  Récemment j’ai aidé un prisonnier à rédiger un recours pour être soigné d’un zona qui le faisait terriblement souffrir. Lisant les minutes du jugement j’ai trouvé les remarques et les questions du juge particulièrement pertinentes : il demandait au directeur de la prison s’il n’y avait pas un conflit d’intérêts puisque la compagnie privée choisie par la direction de la prison cherchait avant tout à gagner de l’agent en refusant de payer les soins médicaux des prisonniers. Le juge semblait très irrité.

Prenons mon cas : depuis 2015, mes avocats et moi-même avons déposé un recours pour que je sois soigné de mon hépatite C. Le directeur de la prison a d’abord produit un rapport médical falsifié, ce qui fut mis en évidence par le juge fédéral. Le directeur de la prison affirmait que mon hépatite C était bénine et ne nécessiterait pas de traitement avant de nombreuses années. Le juge fédéral en décida autrement, prouvant que les déclarations du directeur de prison étaient fausses. Deux mois plus tard le juge statua que le traitement préconisé par la prison était inadéquat et violait mes droits constitutionnels. Le directeur de la prison a fait appel arguant que mon hépatite C en était au tout début. Le juge fédéral confirma sa première décision et déclara que ce refus de soins médicaux était anti-constitutionnel. Il ordonna que l’on m’accorde immédiatement le traitement nécessaire à l’hépatite C. Pendant encore deux mois la direction de la prison ignora la décision du juge puis, pour me soigner, vient de me faire subir de nouveaux examens médicaux.

Je viens d’avoir mes résultats.
Non seulement mon Hépatite C s’est terriblement aggravée mais j’ai désormais une cirrhose du foie de type 4.
Le directeur de la prison a dit ne pas vouloir dépenser d’argent pour me soigner car cela couterait 60.000 dollars US
A moi cela me coûte la vie.

Mumia Abu-Jamal, en direct de l’Etat-Prison »

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