LA PENNSYLVANIE VEUT IMPOSER LE SILENCE ABSOLU A MUMIA ET A TOUS LES PRISONNIERS

Furieux de n’avoir pu faire interdire le discours de Mumia à la cérémonie de remise des diplômes universitaires du Goddard College (voir nos actus précédentes), la chambre des représentants (députés) et le Sénat de Pennsylvanie sont appelés à se prononcer en procédure d’urgence sur un projet de loi (Revictimization Relief Act) visant à priver les prisonniers de s’exprimer publiquement sur les crimes pour lesquels ils ont été condamnés. En bravant l’interdit ils s’exposeraient à des poursuites et à de nouvelles condamnations.

Ce projet, à l’initiative du député républicain Mike Vereb, a été présenté à la presse (le lendemain du discours prononcé par Mumia), en présence du « syndicat » FOP de la police de Philadelphie et de Maureen Faulkner, la veuve du policier abattu en 1981, assassinat pour lequel Mumia a été injustement condamné. A cette occasion le Gouverneur de Pennsylvanie, Tom Corbett, a apporté son soutien actif et public à ce projet en déclarant qu’il signerait la promulgation de la loi dès son adoption.

A l’évidence, il s’agit d’une nouvelle vengeance contre Mumia de la part des autorités de Pennsylvanie qui n’ont toujours pas digéré sa sortie du couloir de la mort et qui, faute d’avoir obtenu son exécution, prétendent lui imposer le silence absolu jusqu’à sa mort en prison. Leurs prédécesseurs avaient agi de la même manière en interdisant de photographier les condamnés à mort pour empêcher toute publication du portrait de Mumia. A défaut de pouvoir légiférer sur « l’exception Mumia », tous les condamnés seraient ainsi privés de liberté de parole et d’écriture, notamment sur le déroulement de leur procès, le comportement de la justice et de la police, leurs conditions de détentions, la peine de mort … Plus généralement, ce projet autoriserait les poursuites contre « les délinquants » s’exprimant publiquement, y compris hors la prison après leur libération, pour conduite qui perpétue l’effet continu du crime en provoquant « l’angoisse mentale » des victimes. Le projet de loi précise que les procureurs de district et le procureur général  de l’Etat de Pennsylvanie pourront intenter les poursuites sans même obtenir l’accord préalable des victimes. On peut ainsi mieux comprendre les objectifs de cette loi répressive, bien au-delà du seul cas Mumia !

Dans certains Etats américains, des lois interdisent aux criminels condamnés de publier leurs mémoires mais jamais leur liberté d’expression n’a été remise en cause à ce point, ce qui provoque la colère légitime des soutiens à Mumia qui organisent une manifestation ce mercredi 15 octobre à Harrisburg (capitale de la Pennsylvanie). Ils interpelleront  les parlementaires en leur demandant de se prononcer contre ce projet inconstitutionnel en référence au premier amendement de la Constitution des Etats-Unis : « Le Congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion ou en interdisant son libre exercice, restreignant la liberté d’expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens à se réunir pacifiquement et d’adresser à l’Etat des pétitions pour obtenir réparation des torts subis ».

Mumia, ses soutiens et de nombreuses organisations américaines appellent à la réflexion sur les besoins des victimes et les possibilités de guérir des traumatismes post crimes, y compris pour les condamnés et leurs familles. Dans une lettre ouverte aux groupes parlementaires des personnalités et des citoyens déclarent que « si le législateur veut sérieusement lutter contre ces traumatismes et endiguer la criminalité, sa responsabilité est de travailler à la recherche de relations et de solutions réparatrices plus saines et plus respectueuses entre les différentes communautés plutôt que d’attiser la haine, de pourfendre les condamnés et de les priver de leurs droits ».

Le Collectif français de soutien à Mumia est totalement solidaire de l’action menée par les organisations américaines pour s’opposer à ce projet de loi liberticide, pour la libération de Mumia, pour l’abolition de la peine de mort et contre l’incarcération de masse.

La Pennsylvanie est un des rares Etats américains où la population carcérale continue à augmenter et où le coût des prisons constitue le 3ème budget de l’Etat. Trois nouvelles prisons sont en construction et deux autres seront agrandies dans cet Etat alors que le taux de criminalité est en baisse de 12% sur l’ensemble des Etats-Unis et que le Texas et la Californie ferment des prisons !  La Pennsylvanie compte 5.000 condamnés à vie sans possibilité de libération conditionnelle parmi lesquels 500 enfants. En 2013, Philadelphie  était la ville américaine où le taux de criminalité était le plus élevé. Les Etats-Unis est le pays qui détient le triste record du plus fort taux d’incarcération au monde.

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