10 octobre 2024 & 2025 / Journées Mondiales contre la peine de mort
Chaque année le 10 octobre, la Coalition Mondiale contre la peine de mort (*) dont le Collectif français Libérons Mumia est membre organise une journée de sensibilisation et d’action pour éradiquer cette peine barbare et inhumaine. En 2024 et 2025 la campagne sera l’occasion de remettre en question l’idée fausse selon laquelle la peine de mort peut rendre les personnes et les communautés plus sûrs. La théorie de la dissuasion est souvent utilisée pour justifier le maintien de ce châtiment cruel, bien qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité dissuasive face à la criminalité. A l’inverse, les études sérieuses indiquent que les Etats abolitionnistes ont des taux de criminalité inférieurs à ceux des Etats rétentionnistes. Par ailleurs, dans le contexte des conflits armés, la peine de mort ne permet pas de résoudre les litiges et peut même perpétuer les cycles de violence. Il est désormais établi que la peine de mort ne protège pas les individus et les sociétés car elle menace la dignité humaine et renforce les disparités sociales et économiques en affectant de manière disproportionnée les populations les plus pauvres et marginalisées. S’attaquer aux causes profondes de la criminalité et de la violence, passe donc par d’autres solutions… Pour en savoir plus, réfléchir et agir ensemble, cliquez sur ce lien.
Grace à ces campagnes, l’abolition de la peine de mort n’a cessé depuis quatre décennies de gagner du terrain. Aujourd’hui, 144 Etats sont abolitionnistes en droit ou en pratique, soit plus des deux tiers des pays du monde. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que l’abolition universelle devienne la règle : en 2023 (hors Chine car aucune statistique n’est publique), près de 28.000 personnes se trouvaient dans le couloir de la mort et 1.000 exécutions ont été comptabilisées selon Amnesty International. Les 5 Etats qui exécutent le plus sont : Chine, Iran, Arabie Saoudite, Somalie, Etats-Unis.
(*) La Coalition Mondiale contre la peine de mort rassemble 170 ONG de tous les continents : organisations de défense des droits humains, associations d’élus, barreaux d’avocats, syndicats, familles de prisonniers et de victimes…
L’organisation Abolitionist Law Center (Etats-Unis) interpelle le Président Biden sur son bilan concernant l’incarcération de masse sans possibilité de libération conditionnelle
Robert Saleem Holbrook – directeur de l’organisation à Philadelphie – dresse un bilan désastreux de la politique sécuritaire de l’administration Biden. En voici le résumé :
« Dans ses discours au Sénat au milieu des années 90, le sénateur Joe Biden vantait sa fermeté contre la criminalité, louant le programme de « la loi et l’ordre » du président Nixon et tous les projets de loi sur la criminalité depuis 1976. Ces projets – y compris le projet de loi sur la criminalité de 1994 du président Clinton, dont Biden était l’auteur – ont contribué à construire le système américain d’incarcération de masse. Au cours de sa campagne présidentielle de 2020, Biden s’est excusé pour certains des projets auxquels il a contribué et promettait en tant que futur Président, de soutenir la loi EQUAL qui mettrait fin à la disparité des peines raciales discriminatoires pour les délits liés au crack et à la cocaïne. Il promettait également d’accorder à certains prisonniers âgés et à risque libérés pendant la pandémie de Covid de rester définitivement chez elles. Mais pour vraiment changer son héritage et aider ceux qui ont été lésés par le système cruel et raciste qu’il a contribué à construire, il devrait faire bien plus en utilisant son pouvoir de clémence dans ses derniers mois en tant que président. Jusqu’à présent, Biden n’a en effet gracié ou accordé sa clémence qu’à 11 personnes (contre 237 pour Trump et 1927 pour Obama). Pour être juste, ce chiffre n’inclut pas les milliers de grâces qu’il a accordées à des personnes condamnées pour possession de marijuana. Si l’aide aux personnes emprisonnées pour des crimes non violents liés à la drogue est important, cela ne suffirait pas à inverser le nombre d’incarcérations de masse. La plupart des personnes incarcérées ont été condamnées pour des crimes violents, et beaucoup purgent des peines extrêmes, en contradiction avec les normes internationales. Aux États-Unis, plus de 200.000 personnes condamnées à des peines de prison à vie, dont les deux tiers sont des personnes de couleur. Les prisons américaines détiennent 40 % de la population mondiale qui purge des peines de prison à vie et 83 % de la population mondiale qui purge des peines de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. La Pennsylvanie est l’Etat américain qui a le taux le plus élevé par habitant de personnes purgeant une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle (cas Mumia) ou appelée peine de mort par incarcération. L’une des raisons en est qu’en Pennsylvanie, le meurtre grave entraîne cette peine obligatoirement. Sur les 1.100 personnes purgeant cette peine en Pennsylvanie, 70 % sont noires. L’année dernière, une délégation américaine s’est rendue à Genève pour témoigner devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Nous avons exhorté le Comité a exigé que les États-Unis respectent les normes et les valeurs qu’il prétend défendre mais qu’il ne parvient manifestement pas à respecter. À la suite du plaidoyer de notre délégation, le comité a formulé un certain nombre de recommandations aux États-Unis, notamment un moratoire sur les peines de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Récemment, la même délégation s’est rendue à la Maison Blanche, pour rappeler que le président Biden a le pouvoir d’agir sur l’une des recommandations de l’ONU. Il a la possibilité d’accorder une clémence généralisée aux personnes purgeant des peines de prison dans les prisons fédérales. Parmi les bénéficiaires potentiels, on peut citer Leonard Peltier, l’activiste amérindien condamné à l’issue d’un procès notoirement injuste. Bien que le nombre de personnes concernées soient relativement faible, l’exemple pourrait se répercuter auprès des gouverneurs et dans les assemblées législatives des États à travers le pays. Peut-être même ici en Pennsylvanie, où la commutation des peines pour les prisonniers condamnés à perpétuité a considérablement diminué sous le gouverneur Josh Shapiro par rapport à son prédécesseur. Pour le président Biden, cela peut également représenter une mesure de rédemption pour un homme qui s’est associé à d’anciens ségrégationnistes pour construire l’État carcéral modèle « .