VISITE A MUMIA ABU-JAMAL, Une rencontre pas comme les autres …

Une délégation française (*) a rendu visite à Mumia le 22 mai à la prison SCI Mahanoy (Pennsylvanie). Toujours un moment de forte émotion dès l’entrée dans la salle de visite avec des accolades fraternelles. S’engagent alors des échanges intenses sur la situation politique internationale (Gaza, l’Ukraine, le retour au pouvoir de Trump) marquée par les guerres, générant son lot de massacres humains et la montée des extrêmes-droites sur fond de racisme. Mumia est toujours un citoyen du monde qui s’intéresse passionnément aux peuples en souffrance au point d’en marginaliser sa propre situation qui le prive de liberté depuis 43 ans. Bien que fatigué et fragilisé par sa détention et ses problèmes de santé (il a beaucoup maigri), Mumia est toujours debout et combattant. Suivent des nouvelles plus intimes de sa famille, de ses proches, de sa vie en prison et de ses relations empathiques avec les autres détenus.

Le plus préoccupant est le fait que la justice de Pennsylvanie vient de mettre fin à ses recours possibles contre sa condamnation, rejetant définitivement ses derniers appels au mépris des nouvelles preuves d’innocence apportées pas sa défense. Auxquels s’ajoutent depuis quelques mois, une perte de vue en constante dégradation (cataracte secondaire) le privant de lecture et d’écriture, de reconnaissance de ses codétenus autre que par la voix et l’exposant à des chutes dans ses déplacements. Bien que les médecins consultés aient recommandé une intervention urgente, l’administration pénitentiaire n’a toujours pas donné son feu vert à l’opération au laser peu coûteuse (une centaine d’euros en France) et dont l’effet positif serait immédiat.

Contrairement à son habitude de cacher ses souffrances, Mumia exprime aujourd’hui sa plus grande inquiétude : celle de perdre la vue ! Ne plus pouvoir communiquer par l’écriture, lui le prolifique écrivain qu’il est toujours et l’éternel étudiant qui consacre encore son temps présent à une nouvelle thèse de doctorat. Mais, prétextant un nettoyage de cellule et de sa quasi-cécité, l’administration lui a intimé de se séparer de ses livres d’étude et de les envoyer à ses amis de Prison Radio.

A l’évidence, le déni de justice et l’absence de traitements médicaux démontrent que c’est bien la mort « lente » du journaliste que les autorités ont choisie.

Après trois heures de rencontre, ponctuées d’anecdotes et de rires, c’est la traditionnelle prise de photo par un détenu dédié à cette tâche, avec les remerciements répétés de Mumia pour ses fidèles soutiens français, les accolades de départ et le poing levé que la visite se termine par le claquement des portes de sécurité.

Les jours précédents cette visite, la délégation française a rencontré les soutiens de Mumia, ses avocats et sa porte-parole Johanna Fernandez à New York et Philadelphie. Une seule question a dominé nos échanges : amplifier la mobilisation internationale pour sortir au plus vite Mumia de l’enfer carcéral.

(*) Jacky HORTAUT (co-animateur du Collectif Mumia et représentant la CGT ) – Steve ZADE (co-animateur du Collectif Mumia) – Frédérique GARCIA-SANCHEZ (Mouvement de la Paix – graphiste du livre d’art la plume et le poing)

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