LE MESSAGE DE MUMIA APRES L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE-HEBDO

A NOS AMIS AMÉRICAINS A PROPOS DE CHARLIE-HEBDO

Quelle ne fut pas notre stupeur à la lecture de l’article « Message des opprimés » de Chris Hedges (ancien journaliste au New York Times) diffusé dans le réseau des soutiens à Mumia Abu-Jamal de New York à la suite de l’attentat contre le journal Charlie-Hebdo. Pas la moindre compassion, ni pour les familles endeuillées, ni pour les victimes assassinées alors que la majorité d’entre eux était des journalistes et que c’est pour cette raison qu’ils ont été froidement exécutés. Pas un mot sur la liberté d’expression de la presse qu’ils défendaient âprement et sans laquelle le métier de journaliste n’a pas de sens. Pas un mot non plus sur les millions de manifestants (chrétiens, musulmans, juifs et sans religion pour les plus nombreux) défilant partout en France pour dire non à ce crime barbare et leur attachement aux libertés démocratiques chèrement acquises depuis la révolution française. C’est au contraire une longue litanie contre le journal satirique accusé « d’insulter, de diminuer et de ridiculiser ce que les gens ont de plus sacré », selon la citation empruntée à un professeur islamique américain. Et pour justifier l’injustifiable, la situation des banlieues des grandes villes françaises est comparée sans mesure à celle de Gaza où le peuple palestinien est sous le feu constant des bombardements israéliens. Enfin, cette conclusion inqualifiable : « le message des opprimés est clair, ils l’ont montré à Paris ». Ce papier a son clone du côté de Fox News – l’une des plus importantes chaînes d’information américaine et surtout l’une des plus virulente à l’encontre de Mumia – qui décrit certains quartiers de Paris comme des fiefs islamistes, poussant l’outrance jusqu’à comparer la capitale française à Kaboul ou Bagdad. Face au tollé déclenché par cette désinformation, la chaîne a dû présenter ses excuses aux téléspectateurs.

OUI l’ordre et le désordre du monde, fait de misère sociale, d’injustices et de discriminations de toutes natures imposés par les plus puissants et les plus riches constituent le terreau de ces actes. NON, ni les attentats, ni les guerres, ni les privations de libertés ne sont des réponses pour y remédier. D’autant que les victimes les plus exposées sont toujours les peuples.

Qu’en pense Mumia, lui aussi journaliste, dont l’expression engagée l’a conduit jusqu’au couloir de la mort et aujourd’hui encore pour qui, la parole est frappée d’interdit selon la loi récente de Pennsylvanie ? Vous trouverez ci-après son point de vue dans le message audio en français et en anglais qu’il vient de nous faire parvenir.